Israël s’enlise chaque jour davantage dans la crise que les États-Unis ont déclenchée à Qods via leur annonce incendiaire du 3 décembre; un autre facteur fait son apparition : le mur de séparation que Tel-Aviv a annoncé vouloir construire le long de ses frontières nord avec le Liban. Beyrouth s’est prononcé contre la construction de ce mur qui n’irait pas sans le viol de l’intégrité territoriale libanaise. Mais la construction d’un tel mur revient-elle uniquement à vouloir piétiner la souveraineté du Liban ou alors y-a-t-il d’autres motivations qui se cachent derrière ?
Interrogé par Sputnik, le général retraité libanais, Amin Hoteit va plus loin dans l’analyse. Il se réfère aux propos tenus par le président libanais Michel Aoun qui dénonce la construction de l’ouvrage le long de la ligne bleue reconnue par l’ONU qui constitue, en effet, la frontière libano-israélienne. « D’un côté, Michel Aoun est pour le respect du droit international, de l’autre, il est pour la défense de ceux des Libanais ». C’est d’ailleurs en ce sens que le Liban a demandé de déplacer quelques fragments du mur au sud. Le jeu israélien est toujours le même. La ligne bleue n’est pas une frontière entre les États parce qu’elle traverse partiellement le territoire libanais, en ce sens, si le mur est érigé au niveau de la ligne bleue, le Liban pourrait perdre une partie de son territoire à trois emplacements, souligne Hoteit.
Mais l’expansionnisme n’est pas le seul motif de la décision de Tel-Aviv de faire ériger un mur sur ses frontières du Liban :
« L’intention israélienne de construire ce mur indique en réalité un changement de cap et de stratégie. Israël passe d’une posture offensive à laquelle il nous avait habituées pendant des décennies à une posture défensive. Ce changement de stratégie militaire israélienne en direction du Liban n’est sans doute pas sans rapport avec ce qui se passe en Syrie où le Hezbollah a réussi, aux côtés de l’armée syrienne, à s’imposer sur le plan militaire », affirme le général.
Selon Amin Hoteit, un mur ou l’utilisation de barrières naturelles sont des moyens défensifs les plus courants et les plus rudimentaires qui soient. Or l’armée israélienne ne cesse de se targuer de ses capacités renforcées de combat. « Israël a choisi de construire un mur sur la frontière avec le Liban. Le passage de l’offensive stricte à une ligne plus compliquée tournée vers l’auto-défense est trop flagrant ».
Mais que fera l’État libanais si Israël finit par construire « son mur » ?
D’abord, l’appel à l’ONU pour faire cesser la construction du mur dans les zones contestables. Selon lui, le Liban ne serait toutefois pas contre l’apparition du mur là où la ligne bleue coïncide avec les frontières officielles des deux États. La deuxième réponse est celle de la confrontation armée. Et ce sera là qu’Israël devra s’apprêter à faire face à l’armée libanaise et au Hezbollah qui agiront de concert contre lui, comme ils l’ont fait pour contrer les terroristes takfiristes à Ersal (à l’est du Liban).
« L’armée libanaise et les forces de la résistance existent pour cela et elles s’opposeront à toute agression israélienne », a conclu Amin Hoteit.