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Le Soudan lâche le front américano-israélien, dans l'espoir de s'approcher de la Résistance

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président russe Vladimir Poutine s'entretient avec le président soudanais Omar el-Béchir lors d'une rencontre à Sotchi, le 23 novembre 2017. ©Reuters

Un analyste politique renommé du monde arabe estime que les déclarations du président soudanais à l’issue de sa rencontre avec son homologue russe à Moscou mettent en évidence la frustration de Khartoum vis-à-vis de l’alliance américano-israélienne qu’il avait rejointe pendant un certain temps ainsi que sa volonté à intégrer le front de la Résistance.

Abdel Bari Atwan, analyste politique et rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, a rédigé un article, ce dimanche 26 novembre, avec pour titre « La désobéissance d’Omar el-Béchir à ses alliés saoudiens et la évolution au sein des Frères musulmans ».

« Les nouvelles prises de position d’Omar el-Béchir constituent l’un des signes de l’effondrement du jeu de domino de l’alliance américano-saoudienne et d’une évolution majeure au sein des Frères musulmans.

À l’issue de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, à Moscou, Omar el-Béchir a exprimé sa vive opposition à toute confrontation militaire ou politique entre les pays arabes d’une part et l’Iran de l’autre. Il est même allé plus loin en accusant les États-Unis et l’Europe d’être derrière les crises sévissant dans la région, par leurs ingérences, en disant que les Américains et les Européens avaient contribué à la partition du Soudan. Ce revirement soudain du président soudanais prouve à quel point il est enclin à modifier ses positions, et ce parce que son adhésion à la coalition militaire de l’Arabie saoudite au Yémen et son ralliement au front américain, dont le but est de démembrer la région, avaient mis le Soudan sous une importante pression. Le président soudanais pensait pendant des années, à tort, que Washington et ses alliés arabes trouveraient un remède à tous les problèmes du Soudan et au marasme dont lequel il était plongé. Il a donc commencé à se soumettre à leurs injonctions et à défendre leurs politiques. Il a même demandé à son ministre de l’investissement, Moubarak al-Fadel, de s’exprimer en public au sujet des avantages d’une normalisation avec Israël et de l’établissement des relations commerciales et politiques avec cette région. Cependant, les déclarations de Moubarak al-Fadel se sont avérées très impopulaires auprès de l’opinion publique soudanaise.

La concomitance du discours d’Omar el-Béchir, dans lequel il s’est opposé à une confrontation militaire contre l’Iran et a durci le ton contre les ingérences des Américains, et des récentes déclarations anti-iraniennes du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane n’est pas un simple accident. Cette simultanéité nous pousse à conclure que le président soudanais a riposté en quelque sorte au prince saoudien, annonçant implicitement son divorce d’avec le gouvernement saoudien et la coalition anti-yéménite qu’il dirige.

Un autre point important à retirer des propos d’Omar el-Béchir est sa position vis-à-vis du président syrien Bachar al-Assad. “Il n’y aura pas la paix en Syrie, sans Bachar Assad au pouvoir”, a-t-il réitéré.

Omar el-Béchir est à la tête d’un gouvernement dont la légitimité dépend fortement des Frères musulmans, un mouvement qui avait un rôle majeur dans le déclenchement de la guerre en Syrie et qui avait pour but de renverser le gouvernement syrien. Tout cela fait partie d’un processus de révision idéologique au sein des Frères musulmans soudanais, lequel devrait aboutir à une modification des politiques qu’ils mènent depuis sept ans envers la Syrie. Ce processus de révision pourrait même s’inscrire dans un autre processus destiné à imposer une révision des positions des Frères musulmans au niveau international, processus déjà entamé en Turquie par le président Recep Tayyip Erdogan, qui compte redonner une nouvelle image à ce mouvement.

À l’issue du sommet tripartite de Sotchi où les présidents iranien, russe et turc se sont rencontrés, Recep Tayyip Erdogan a surpris tout le monde en n’excluant pas des contacts avec son homologue syrien Bachar al-Assad. Ce message bien clair et explicite pourrait être à l’origine de cette volte-face des Frères musulmans et des récentes déclarations d’Omar el-Béchir en faveur de Bachar al-Assad. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV