En comparaison avec six ans auparavant, le président turc qui était déjà l’un des farouches opposants au maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, est revenu sur sa décision et a changé de cap envers ce dernier.
Il n'exclut pas la possibilité de futurs contacts avec son homologue syrien, et il le considère comme un allié fort face à l’indocilité des minorités turque et syrienne, pour contrer les Unités de protection du peuple (YPG).
On peut trouver trois raisons pour le changement de position du président turc envers Assad et la crise syrienne. La première en est l’intervention diplomatique et militaire russe dans la crise syrienne qui a permis à la Turquie de devenir le partenaire de Damas dans les événements post-Daech.
Après que la Turquie s’est vue incapable de confronter la Russie, Erdogan n’a eu d’autre choix que de reconnaître la réalité et d’œuvrer pour l’accès à la paix en Syrie dans l’espoir de se frayer un chemin pour son influence dans ce pays après le règlement de la crise. Pour y arriver, Erdogan s’est appuyé sur les forces « modérées » syriennes, une possible entente avec Moscou et Téhéran et les grandes puissances, en espérant former une alliance entre ces trois facteurs afin de favoriser l’accès à une paix politique.
Le récent sommet qui a eu lieu à Sotchi entre les présidents russe, iranien et turc incarne en effet l’entente entre la nouvelle troïka sur l’avenir de la Syrie.
La deuxième raison est le facteur intérieur. Erdogan se voyait face à une opposition interne forte qui menaçait l’unité de la Turquie. Les Kurdes soutenus par les États-Unis en Syrie, faisaient partie du PKK, qui est en vive opposition avec le gouvernement turc. Le Parti des travailleurs du Kurdistan a saisi l’occasion en or des guerres en Syrie et Irak pour s’armer, avoir la main libre pour la circulation sur les frontières et former une coalition avec les terroristes armés. C’est ainsi qu’il s’est transformé en un grand danger pour Ankara.
La troisième raison est qu’après l’échec de l’aventurisme des Frères musulmans en Égypte, Erdogan s’est vu isolé au niveau régional, alors que sur le plan international, l’Union européenne s’est posée aux côtés de Washington, plaidant pour la réalisation des revendications des Kurdes et l’arrestation des Kurdes accusés d’implication dans le coup d’État du 15 juillet 2016 en Turquie.