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La popularité de Macron en chute libre à cause de ses échecs sur la scène économique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Emmanuel Macron. (Photo d'archives)

Emmanuel Macron a mal identifié les origines du malaise économique français et les éclairs joviens que subit l’économie du pays feront plus de mal que de bien. Telles sont les prévisions de Steve Keen, économiste de la Kingston University à Londres.

Steve Keen, économiste et essayiste australien et professeur à l’université Kingston, vient d’analyser les échecs du président français dans l’arène économique française dont on peut lire un extrait ci-dessous :

« En 2017, le président français Emmanuel Macron est devenu le jeune espoir de l’Union Européenne. C’était avant que ses échecs économiques ne provoquent un mécontentement parmi ses partisans.

Depuis son élection, Macron a perdu sa cote de popularité plus vite que tous ses prédécesseurs. Les tentatives d’expliquer ce déclin se sont concentrées sur sa façon pompeuse de gouverner le pays. Cependant, il y a une autre cause plus sérieuse à ce sujet. Il avait mal diagnostiqué les origines du marasme économique du pays. L’agenda économique de Macron fait référence au trop lourd secteur public comme cause fondamentale du malaise de la France et la preuve de la persécution est le niveau montant de la dette publique : alors qu’en mars 2017 elle était de 111 % du PIB, soit près du double des 60 % maximum autorisés par le Traité de Maastricht. Mais les dettes privées sont encore pires : 187 % du PIB.

La raison en est que, ayant fait ses études dans les économies majeures pour son diplôme de l’ENA, Macron fait sien l’argument selon lequel la dette privée n’a pas d’importance. Il ne s’agit que de « pure redistribution, qui sauf grandes différences peu probables dans la propension marginale à la dépense entre les épargnants et les créanciers ne devrait pas avoir d’impact macroéconomique significatif », pour citer Ben Bernanke.

Cette croyance réconfortante est précisément contredite par les données de pays qui, comme la France, ont un taux de dette privée dépassant 100 % du PIB. Si le calcul de Bernanke était correct, il n’y aurait pas de corrélation entre le crédit (le taux annuel de la dette privée) et le chômage. Cependant, dans son pays d’origine les États-Unis, la relation entre crédit et emploi depuis 1990 est de moins 0,91 : l’augmentation du crédit réduit le chômage, et le crédit en baisse le renforce. Dans le cas de la France, cette corrélation est plus basse, mais toujours substantielle à moins 6,62 alors que selon les économistes majeurs, elle devrait être proche de zéro.

Le crédit a donc son importance pas simplement parce que les épargnants sont beaucoup moins enclins à consommer que les débiteurs, mais parce que les crédits bancaires créent de la monnaie nouvelle. À partir du moment où de l’argent est dépensé par les emprunteurs, il s’ajoute à la demande globale. Et un crédit qui baisse au fil du temps — ce que la France connaît généralement depuis le début des années 1970 — implique donc un chômage en hausse.

La politique séduisante seulement en apparence du marché du travail de Macron repose sur l’argument classique de l’offre et de la demande où le chômage provient d’un niveau de salaires trop haut. Il croit donc que si vous supprimez les « rigidités » la demande en emploi augmentera à mesure que les prix artificiellement haut baissent ; et que l’excès d’offre de travail va aussi décliner, conformément aux économies conventionnelles, alors que le salaire artificiellement haut est baissé.

L’auteur de l’article rappelle qu’il y a des « problèmes au niveau de l’analyse de l’offre et de la demande en général, sans parler de son application à l’emploi ».

L’auteur de l’article ajoute ensuite :

Pour les débutants, même selon la théorie conventionnelle, l’offre de travail pourrait augmenter si les salaires baissent, augmentant ainsi le chômage (parce que les travailleurs ont besoin de travailler plus si les salaires baissent pour satisfaire leurs besoins de consommation).

Plus important, le marché du travail est si inhérent au capitalisme qu’il ne peut pas être pensé dans les seuls termes de micro-économie : vous devez aussi considérer l’impact micro-économique de tout changement. Il y a là un piège classique dans ce dernier qui affaiblit non seulement ce que Macron pense comme bon pour le marché du travail, mais aussi ce qu’il considère comme positif pour les dépenses publiques.

Au niveau macro-économique, vos dépenses deviennent nécessairement les recettes de quelqu’un d’autre : les euros ou les dollars qui sortent de votre bourse, représentant des dépenses, entrent dans la poche de quelqu’un d’autre en tant que recette. Par conséquent, surtout si les salaires ont baissé en valeur absolue ces dernières années, les travailleurs dépensent la majorité de ce qu’ils ont gagné — et même plus que ce qu’ils ont gagné — dans ce qu’ils sont en train de faire maintenant, les ménages français empruntent aux banques.

Selon l’économiste anglais, « le souhait de réduire la dette publique en abaissant les dépenses publiques tombe dans le même piège qui est une tentative pour tous d’économiser de l’argent par des travaux moins onéreux pour eux en réduisant seulement les recettes pour les autres ».

« Ainsi l’impopularité de Macron ne provient-elle pas seulement de sa manière grandiloquente de gouverner. Elle vient aussi du fait que les électeurs français ont toujours été méfiants envers la politique libérale qu’il représente et il leur suffit de regarder de l’autre côté de La Manche pour voir ce que présagent ces politiques pour l’industrie (diminuée de moitié par rapport au PIB depuis Thatcher) comme pour le niveau de vie des travailleurs », conclut l’auteur de l’article.

Avec RT

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SOURCE: FRENCH PRESS TV