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Riyad et son approche pleine de vicissitudes envers la Syrie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Jamal Suleiman (2e personne à droite) et Qadri Jamil (D), membres, tous deux, de l’opposition syrienne, lors d’une réunion à Riyad, le 21 août 2017. ©AFP

Le ministre saoudien des Affaires étrangères a demandé aux opposants syriens d’adopter une nouvelle approche concernant le règlement de la crise en Syrie et le sort du président syrien Bachar al-Assad.

Cela montre que l’effet domino a atteint aussi les Saoudiens, en ce sens qu’eux aussi devront désormais adapter leurs prises de position à la réalité des évolutions se produisant en Syrie.

Citant l’agence de presse AP, une source saoudienne a annoncé il y a quelque temps que le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite, Adel al-Joubeir, avait demandé aux opposants syriens d’adopter une nouvelle approche concernant le règlement de la crise en Syrie et le sort du président syrien Bachar al-Assad. Le ministre ne s’était pourtant pas ouvertement exprimé sur le départ ou la survie d’Assad.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Joubeir parle à la presse juste avant les pourparlers internationaux sur le conflit syrien à Vienne, en Autriche, le 14 novembre 2015. ©AFP

Selon l’agence de presse iranienne IRNA qui relate la nouvelle, le rapport ajoute que la demande d’al-Joubeir s’adressait au Comité suprême des négociations syrien (HCN) qui, lors d’une réunion mardi dernier à Riyad, a examiné, avec les opposants syriens soutenus par Moscou et Le Caire, la création d’un seul et unique groupe réunissant tous les opposants, en vue de participer au futur round de négociations de Genève.

Dans toutes ces évolutions, il y a des points importants qui méritent réflexion :

– Depuis les débuts des agitations en Syrie en 2011, les États-Unis et leurs alliés régionaux, dont l’Arabie saoudite et la Turquie, n’avaient cessé de soutenir les insurgés syriens. Mais le déroulement des événements sur le terrain et l’escalade des tensions en Syrie ont conduit les opposants internationaux de Bachar al-Assad à abandonner leur approche absolutiste.

La décision du gouvernement américain et du Parlement britannique sur la non-intervention militaire terrestre en Syrie a mis au grand jour les divergences entre les positions anti-syriennes de Riyad et celles des parties occidentales. Dans ce droit fil, Riyad a insisté de plus en plus sur un départ d’Assad et intensifié son appui aux groupes extrémistes opposés au gouvernement légitime de Damas.

– L’entrée en scène de la Russie sur le théâtre des opérations et le rôle des conseillers militaires iraniens ont de plus en plus fait basculer la donne en faveur du gouvernement légitime syrien. C’est ainsi qu’un autre pays opposé à Assad a fait volte-face. Face aux progrès de l’armée syrienne sur le terrain, Ankara a changé d’approche, et Riyad s’est retrouvé un peu plus seul dans ses positions anti-Assad.

– Il faut aussi rappeler que les Saoudiens semblent n’avoir prévu, ces dernières années, dans leur politique régionale, aucun véritable plan de substitution sur la question syrienne.

Bien qu’ils aient toujours soutenu un départ d’Assad, les Saoud n’ont jamais montré une cohérence politique régionale de circonstance. Ce qui explique les vicissitudes des prises de position saoudiennes au cours des négociations de Genève et d’Astana, en ce qui concerne la présence de l’Iran en Syrie, la survie d’Assad, le statut des insurgés, etc. Les observateurs politiques s’attendent même à plus de hauts et de bas dans d’autres domaines de la diplomatie saoudienne, eu égard au manque d’expérience des jeunes princes saoudiens au sein de la classe dirigeante du pays.

– Certains analystes qualifient de sans précédent les déclarations du ministre saoudien des Affaires étrangères, dans la mesure où les responsables de Riyad semblent réaliser que leurs efforts pour renverser le gouvernement d’Assad n’aboutiront à rien.

Toujours selon les observateurs politiques, les déclarations d’Adel al-Joubeir interviennent alors que le Comité suprême des négociations (HCN), reconnu par les Nations unies et les Occidentaux comme étant le représentant de l’opposition syrienne, reste campé sur ses positions contre le président Assad.

Reste à voir si le changement d’approche explicite des autorités saoudiennes envers la crise en Syrie sera, oui ou non, de longue durée.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV