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Les dessous de l'anti-iranisme de Netanyahu

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les militaires israéliens tirent sur les manifestants palestiniens à Kfar Qaddum, près de Naplouse, dans la bande de Gaza, le 25 août 2017. ©AFP

« Israël instrumentalise les conflits dans le golfe Persique pour faire croire que l’Iran est la source de tous les problèmes et de l’instabilité dans la région. Tel-Aviv y voit une occasion favorable pour induire en erreur l’opinion publique sur l’instabilité dont il est lui même à l’origine»,  a déclaré l’ex-analyste de la CIA Paul R. Pillar dans une analyse pour la revue bimensuelle The National Interest.

L'ex-analyste de la CIA Paul R. Pillar. (Archives)

L’analyste américain écrit :

« Récemment, j’ai écrit un article ayant pour titre “La paix au Moyen-Orient est dans notre intérêt à tous” sur la politique ambivalente de Riyad face à l’Iran. Riyad estime avoir de bonnes raisons de prendre des mesures pour réduire les tensions avec ses voisins riverains du golfe Persique tout en tirant la sonnette d’alarme à propos d’une prétendue menace iranienne, et ce dans le but de tenir Washington en laisse. Mais l’Arabie saoudite et ses partenaires — les Émirats arabes unis et Bahreïn — ne sont pas les seuls au Moyen-Orient à instrumentaliser l’iranophobie pour obtenir le soutien des États-Unis.

Netanyahu et son clan continuent leur interminable surenchère verbale contre l’Iran, l’un des thèmes dominants de la diplomatie publique d’Israël. Celui-ci tente de représenter l’Iran comme un démon isolé et un paria avec qui personne ne devrait avoir la moindre interaction. De plus, Israël rechigne à accepter l’accord nucléaire entre l’Iran et les puissances du monde, même si, comme l’ont reconnu les hauts responsables israéliens, cet accord va dans les intérêts sécuritaires d’Israël.

Les conflits entre l’Iran et les Émirats arabes unis dans le golfe Persique sont dans l’intérêt du régime de Tel-Aviv. Israël n’exporte pas le pétrole via les eaux du golfe Persique. Par conséquent, il n’aurait aucun coût humain ni matériel en cas de confrontation armée entre l’Iran et les pays riverains. En revanche, un affrontement dans le golfe Persique empêcherait toute possibilité — déjà presque inexistante sous Donald Trump — d’un rapprochement des États-Unis avec l’Iran. Ainsi, Israël instrumentalise les conflits dans le golfe Persique pour faire croire que l’Iran est la source de tous les problèmes et de l’instabilité dans la région. Tel-Aviv y voit une occasion favorable pour induire en erreur l’opinion publique sur l’instabilité dont il est lui même à l’origine. »

Tout cela prend source — parce que ce contexte est devenu le critère déterminant des politiques du gouvernement israélien et de ses relations avec le reste du monde — dans l’occupation israélienne du territoire palestinien depuis un demi-siècle et le déni continuel des droits politiques des Palestiniens. Ce sont ces sujets qui ont poussé Netanyahu à lancer en Israël des opérations connues sous le nom de Hasbara. »

Mais qu’est-ce donc que la Hasbara ?

L’analyste américain l’explique en ces termes :

« Il s’agit de l’incroyable propagande israélienne sur les réseaux sociaux et Internet pour duper les pays du monde et les organisations internationales qui ont Israël dans le collimateur. À travers des opérations de propagande d’envergure, Israël cherche à faire croire qu’il est innocent des exactions qu’il commet quotidiennement contre les Palestiniens.

En effet, le Premier ministre israélien a besoin des soutiens financiers et politiques des États-Unis, notamment au sein du Conseil de sécurité, pour donner suite à ses ambitions territoriales en Cisjordanie.

Au cours de la dernière semaine, nous avons vu un exemple des priorités de la diplomatie de Netanyahu et cela a démontré dans quelle mesure les valeurs humaines peuvent le laisser de glace si cela met en danger le soutien inconditionnel des États-Unis. Les événements regrettables de Charlottesville ont suscité une véritable onde de choc à travers le monde, mais le Premier ministre d’Israël a préféré rester silencieux. C’est ce même premier ministre qui avait pourtant promptement crié à l’antisémitisme, réel ou imaginaire, dans d’innombrables autres circonstances, et qui n’a pas hésité à s’ingérer dans les affaires politiques des États-Unis.

L’explication principale et évidente d’un tel mutisme est que Netanyahu ne veut pas prendre le moindre risque de perdre le soutien de Trump, qui ressent depuis toujours une haine viscérale envers l’Iran. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV