Le Conseil européen des relations internationales a publié, ce vendredi 14 juillet, une étude avec pour titre « La Russie, l’anti-occidentalisme et les partis politiques européens ».
Cette étude, couverte également par le site web russe Ros Balt, conclut que l’Union européenne est de plus en plus divisée entre les tendances anti-occidentales et pro-russes.
« Les tendances anti-occidentales et pro-russes s’imposent, au fur et à mesure, comme un courant majeur au sein de l’Union européenne qui serait même en mesure de modifier le système politique des États européens. Ce n’est pas la popularité ou l’impopularité des blocs parlementaires européens qui les poussent à établir des liens profonds avec la Russie ou à soutenir les politiques de Moscou. En effet, il existe plusieurs partis européens, notamment les partis radicaux et populistes, qui trouvent un intérêt à soutenir les politiques anti-occidentales de la Russie. Ces tendances ne sont pas de facto orientées par le Kremlin qui fait pourtant de son mieux pour en tirer profit. Lorsque les hommes d’État allemands se sont initiés, dans les années 90, au terme “anti-occidentalisme”, la Russie n’avait ni la volonté ni assez de fonds pour lancer une campagne anti-occidentale, mais les idéologies proches des positions russes existaient même à ce moment-là. Aujourd’hui, l’anti-occidentalisme est le principal maillon idéologique entre Moscou et plusieurs partis européens. Ce concept s’impose même comme le seul maillon pouvant relier Russes et partis eurosceptiques. »
L’auteur de cette étude, Gustav Gressel, ajoute que Moscou réussit de plus en plus à trouver des alliés, en Europe, qui partagent ses opinions, et cela parce que les idéologies de plusieurs partis majeurs européens sont sur la même longueur d’onde que les intérêts de la Russie.
« Les études montrent que les partis ayant les tendances pro-russes se trouvent plutôt en Autriche, en Bulgarie, en Hongrie, en Serbie, en Slovaquie et partiellement en Allemagne. Dans les pays “moyennement malléables” tels que la France et la République tchèque, des tendances pro-occidentales existent à côté de tendances pro-russes, tandis que les Républiques de la mer Baltique et les pays nordiques se distinguent par le fait qu’ils ont des tendances pro-européennes mais qui ne sont pas assorties de russophobie. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et la Roumanie figurent parmi les pays qui sont résolus à ne pas céder à l’influence russe. »
Comment les tendances anti-occidentales des Européens profitent-elles à la Russie ?
« Les tendances pro-russes croissantes des Européens permettent aux autorités russes de se vanter, auprès de leur peuple, de l’échec des embargos économiques de l’Occident. La preuve qu’elles présentent est que plusieurs hommes d’État européens sont en faveur d’un réchauffement avec Moscou. En réalité, c’est un argument en grande partie valable d’autant plus qu’en France, malgré la victoire de l’européiste Emmanuel Macron, l’anti-occidentalisme n’a pas encore battu son plein, bien qu’il soit en pleine croissance. »
Gustav Gressel a ensuite expliqué que la Russie ne s’était pas donné la peine de creuser un tel fossé entre les pays européens :
« Quelle que ce soit la raison de cette division, la Russie a réussi à en tirer le maximum de profit. Cela dit, les pays européens devront rester vigilants quant à l’influence russe qui pourrait s’imposer via l’espionnage, la lutte contre la corruption financière et la vente de carburant. »
L’étude du Conseil européen des relations internationales s’est référée à 252 partis politiques qui sont représentés au Parlement européen et aux Parlements de 28 pays de l’Union européenne et les répartit en 12 groupes, en fonction de leurs tendances anti-occidentales ou de leurs positions pro-russes. L’étude conclut finalement que parmi les blocs parlementaires européens, 30 sont connus pour leurs tendances anti-occidentales et pro-russes, 31 sont considérés comme étant modérément anti-occidentaux, 71 sont extrêmement européanistes et 50 ont des tendances européanistes modérées.