L’Iran a écrit une lettre de protestation à l’adresse du secrétaire général des Nations unies, en réaction aux propos interventionnistes du secrétaire d’État américain, Rex Tillerson.
Dans cette lettre adressée à Antonio Guterres, l’ambassadeur et le représentant permanent de l’Iran auprès de l’ONU, Gholam Ali Khochrou, a qualifié de « projet interventionniste » et « insolent » les déclarations anti-iraniennes de Tillerson.
« Ces déclarations de Tillerson constituent une violation flagrante des accords d’Alger signés en 1981 et d’autres engagements américains envers l’Iran », souligne la lettre.
Dans un récent discours, Rex Tillerson, qui se livre à des propos désobligeants envers l’Iran, détermine la politique américaine envers Téhéran : « Notre politique envers l’Iran est de soutenir les éléments à l’intérieur du pays qui aideront au changement pacifique du régime. »
Gholam Ali Khochrou a pointé du doigt « une violation patente du droit international et de la charte de l’ONU ainsi que d’autres normes internationales » par les États-Unis et fustigé leur comportement « non diplomatique ».
Le diplomate iranien revient également sur les accords d’Alger signés entre Téhéran et Washington en 1981 selon lesquels les États-Unis s’engageaient à renoncer à toute ingérence « directe ou indirecte, politique ou militaire » dans les affaires iraniennes ; une clause jamais respectée.
Évoquant ensuite le coup d’État de 1953 en Iran, orchestré par la CIA contre le gouvernement élu de l’ancien Premier ministre Mohammad Mossadegh, et les récentes révélations sur ce putsch, le représentant iranien à l’ONU écrit que la simultanéité de ces fuites avec les déclarations interventionnistes de Tillerson est significative.
Des documents récemment déclassifiés confirment le rôle des Américains dans le putsch militaire contre le Premier ministre Mossadegh en 1953 qui a « entravé la voie menant à la démocratie et au développement, et imposé au peuple iranien une ère despotique de 25 ans ». Un coup d’État qui a « infligé des blessures profondes à l’âme et à la conscience collective de la société iranienne. »
Ces déclarations sont survenues, selon M. Khochrou, juste quelques semaines après la participation enthousiaste des Iraniens aux élections présidentielles et municipales.
« Le peuple iranien a toujours su décider de son sort, rester fort et indépendant. Cela a été prouvé à maintes et maintes reprises. C’est pourquoi toute tentative des Américains pour intervenir dans les affaires iraniennes est vouée à l’échec », a prévenu M. Khochrou dans sa lettre.
Le gouvernement iranien s’attend à ce que tous les gouvernements du monde dénoncent les politiques « absurdes » et « injustifiées » adoptées par l’administration américaine et assument leur part de responsabilité pour le respect de la charte de l’ONU et du droit international.
« Au vu des gestes irresponsables et répétés de l’administration américaine contre l’Iran, je vous serais obligé de bien vouloir faire circuler la présente lettre comme un document du Conseil de sécurité », a conclu le diplomate iranien.
Luc Michel, géopolitologue, et Arnaud Develay, juriste et analyste politique, nous donnent plus d’explications.