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Deux poids deux mesures d’Amman en Syrie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le roi Abdallah II de Jordanie. (Photo d’archives)

La Jordanie a-t-elle définitivement renoncé à son idée de créer une zone tampon dans le sud de la Syrie, sur les frontières syro-jordaniennes ? Rien n’est moins sûr. En dépit des tentatives d’Amman de s’approcher de la Russie voire de la Syrie, le royaume pense plutôt à ses intérêts. 

Selon des sources syriennes citées par Fars News, des accords ont été trouvés entre la Jordanie et les États-Unis pour « mettre en place une zone tampon entre la Syrie et la Jordanie » et des réunions auront d’ailleurs lieu en ce sens dans la capitale jordanienne. Toujours d’après ces sources, qui se réfèrent à « l’opposition syrienne », Amman suit de près les concertations d’Ankara avec les parties régionales en vue de former des zones tampons sur les frontières du nord de la Syrie pour voir à quoi cela mènerait. Amman a l’intention de tirer les leçons qui s’imposent et d’en profiter dans le sens de ses intérêts. 

Quels avantages pour la Jordanie ? 

En réalité, le fait de créer des zones « sécurisées », ainsi que les appelle le président américain Donald Trump, n’a que des avantages pour la Jordanie, dans la mesure où celle-ci pourrait éloigner de ses frontières deux de ses principaux ennemis, à savoir Daech et le Hezbollah, que, chose paradoxale, la Jordanie voit tous deux d’un même œil. En effet, c’est dans la province de Deraa que la Résistance islamique détient ses positions aux côtes des forces syriennes. 

Pour de nombreux analystes politiques, Daech inquiète moins la Jordanie que le Hezbollah, puisque le royaume hachémite a depuis longtemps — en fait depuis le début du conflit en 2011 — participé à la formation des terroristes takfiristes de tout bord avant de les envoyer en Syrie. La Jordanie pense aussi aux milliers de réfugiés syriens qui ont quitté la Syrie pour s’installer dans le sud de la Jordanie dans d’épouvantables conditions. Le royaume hachémite aimerait s’en débarrasser au plus vite. La Jordanie dit que les réfugiés représentent un surplus de pression sur son économie déjà en crise et qu’un rapatriement de ces milliers d’hommes et de femmes dans leurs propres villages serait une bénédiction pour elle.  

Depuis le début de la guerre en Syrie, quelque 1,5 million de Syriens ont quitté leur pays pour se réfugier en Jordanie. Mais les attaques terroristes de 2016 contre un poste de la police des frontières en Jordanie se sont soldées par l’expulsion de 150 000 réfugiés syriens. 

Monts et merveilles promis par Trump 

Le nouveau locataire de la Maison-Blanche a chargé le département d’État de rédiger une feuille de route pour créer des « zones sécurisées en Syrie dans le but de lutter contre Daech ». Un peu à la manière de la Turquie d’Erdogan, la Jordanie a vu à travers cette proposition une « aubaine » : des sources bien informées disent même que le royaume aurait proposé à Washington d’envoyer ses officiers de nouveau dans la fameuse cellule d’opération « al-Mouk », d’où sont pilotées depuis 2011 les opérations contre l’armée syrienne. 

La Jordanie a proposé dans le même temps la création d’une « armée nationale » composée de réfugiés syriens, surtout de ceux qui occupent encore les camps de réfugiés du pays. Cette armée, que la Jordanie qualifie de « nationale », devra intégrer dans le même temps les forces tribales ainsi que l’ASL (Armée syrienne libre), ce conglomérat composé d’officiers syriens déserteurs qui, depuis 2011, se battent contre leur propre pays sous différentes bannières. La Jordanie dit que cette armée devrait assurer la sécurité des « zones sécurisées ». Reste à savoir à quel point ce discours est vrai, tant est désormais grande chez les ennemis de la Syrie la tentation d’un retour à la case départ depuis que Trump s’est hissé au sommet du pouvoir américain.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV