Le porte-parole du gouvernement turc a qualifié la " conquête d'Al-Bab" de "condition sine qua non pour défaire Daech à Raqqa". Cette hypothèse résume en quelques mots le plan qu'a évoqué Donald Trump lors de son premier entretien téléphonique avec le président turc et qui a poussé le président Erdogan à changer son fusil d'épaule pour la énième fois depuis le début de la crise en Syrie.
Le porte-parole du gouvernement turc, Ibrahim Kalin a tenu à justifier l'occupation de la ville syrienne d'Al-Bab car cette occupation conduirait selon lui à la " défaite de Daech à Raqqa". Kalin n'a pas hésité à jeter de l'huile sur le feu s'agissant des relations d'Ankara avec Téhéran; feu qu'Erdogan a allumé la semaine dernière au cours de sa tournée régionale en Arabie saoudite, à Bahreïn et au Qatar. Kalin a prétendu que son pays ne cherchait point à intensifier les tensions dans ses relations avec Téhéran, mais qu'il ne pouvait pas non plus fermer les yeux sur ce qu'il a qualifié d'"aventurisme iranien pour étendre son influence dans la région".
Kalin accuse Téhéran d'aventurisme alors que l'armée turque a lancé depuis septembre 2016 une vaste offensive contre le nord de la Syrie. Erdogan a très clairement annoncé vouloir démembrer la Syrie en créant une zone tampon dans le nord avec une superficie de 5000 kilomètres carrés, qui sera consacré selon lui à l'hébergement des réfugiés. Tout comme à l'image des camps de réfugiés installés en Turquie, la "zone tampon" souhaitée par Erdogan devrait abriter des milliers de terroristes takfiristes qui se tiendront prêts à agir contre l'armée syrienne, dès qu'Ankara en donnera l'ordre.
Kalin dont le pays maintient une présence militaire directe dans le nord de Mossoul, a repris ses allégations anti-iraniennes dans le dossier irakien et appelé Téhéran à revoir ses relations avec les pays de la région. Le gouvernement d'Erdogan a intensifié son hostilité envers la Syrie et ses alliés depuis que le président américain Trump lui a demandé de participer à la mise sur pied des zones sécurisées dans le nord de la Syrie. Kalin a fait part de la rencontre au mois de mai entre Erdogan et Trump en marge du sommet de l'OTAN.