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Ce que les États-Unis veulent pour le monde arabe

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La carte qui représente le monde arabe. (Photo d'illustration)

Les pourparlers syro-syriens à Astana se sont achevés sur des résultats tangibles et les regards sont tournés vers Genève où un second tour des pourparlers devrait se tenir. Parallèlement à ces efforts politiques menés à la fois par l'Iran, la Russie et la Turquie, un plan autrement important pour l'avenir de la Syrie se mijote ....et cette fois ce sont les Américains qui le parrainent.

Une réunion de ESCWA au Liban. ©Al Alam

Ce projet connu sous le nom de l’ESCWA (Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale) a germé au sein de l'un des centaines de clubs de pensée US qui se croient autorisés à dessiner à la carte l'avenir des nations du monde. L'institut Carnegie a ainsi réuni au Liban un colloque où " des experts débattent de l'avenir économique de la Syrie" avant même que la guerre ne prenne fin dans le vrai sens du terme. Ce projet, "amorcé il y a cinq ans " s'intéresse dans son volet syrien à plusieurs choses dont " le changement de l'infrastructure sociale, politique" et sa concrétisation sous forme "d'une feuille de route". 

ESCWA a tenu deux sessions la semaine dernière à Beyrouth à caractère, disons "scientifique et consultatif". Les experts ont révélé au fil de leurs interventions les résultats de leurs études du cas syrien allant jusqu'à définir un cadre pour l'avenir de la Syrie. Ces experts qui vivent aux États-Unis ont évoqué la perspective de ce que devra être la nouvelle Syrie en 2030 en se focalisant sur 9 axes principaux. Ces experts, évidemment inconnus du peuple syrien, disent avoir préparé quelque 800 plans, quasi opérationnels qui n'attendent que la fin de la crise pour entrer en vigueur. C'est donc tout un plan qui concerne non seulement la Syrie elle-même mais aussi ses voisins que sont le Liban et l'Irak. 

Les fameux chercheurs de l'institut Carnegie ont passé tour à tour en revue "ce qui est bon" pour l'avenir "politique, social, économique, démographique..." des Syriens, tout en tenant compte de " possibles scénarios pour la fin de la crise en Syrie". Or la Syrie ne concerne qu'une petite partie des plans proposés par les dits "experts". 

ESCWA englobe 18 pays arabes du Moyen-Orient, de la Corne de l'Afrique et d’Afrique du Nord : Jordanie, Émirats, Bahreïn, Tunisie, Syrie, Soudan, Irak, Oman, Palestine, Qatar, Koweït, Liban, Libye, Égypte, Arabie saoudite, Maroc, Mauritanie, Yémen. 

L'institut Carnegie.(Archives)

L'Asie de l'ouest se trouve au cœur de toutes les convoitises des pays dont sont originaires des "experts" de Carnegie. Tout au long de la guerre froide, cette région riche en énergie, en culture et en main d'oeuvre a été disputée entre l'URSS et les USA. Depuis les années 90 et la fin de la guerre froide, les rivalités Est-Ouest se sont poursuivies jusqu'en 2011, soit le début de la guerre contre la Syrie. 

La guerre en Syrie a fait émerger une troisième force, bien incompatible avec les deux premières, celle de la Résistance. Il est vrai que la guerre aux conséquences catastrophiques des États-Unis contre l'Irak a servi de leçon à Washington. Les généraux américains ont changé de stratégie et opté pour des guerres par procuration. Les puissances militaire et économique des USA se sont ajoutées au soft power US pour changer la donne à peu de frais en faveur des intérêts américains. En Syrie, ce n'est pas Assad ou les terroristes que comptent combattre les États-Unis. C'est l'idée même d'État-nation qui est visée. Carnegie et Cie cherchent donc à influer sur les fondamentaux culturels, identitaires et historiques des peuples de la région afin de les "robotiser", de les "asservir" de façon à ce que ces peuples réalisent eux-mêmes et de leurs propres mains ce que la superpuissance veut. 

Atteindre cet objectif ne demande pas seulement une puissante armée comme celle des États-Unis : il faut agir plus habilement quand on est dans l'ère numérique. Il faut faire et défaire des alliances, à tous les niveaux, et surtout "légitimer" aux yeux de la grande masse " les actes interventionnistes" en les déguisant sous le vernis " des débats publics", " des échanges de vues démocratiques" . Les États-Unis de Trump ont pour mission celle de se diriger dans ce sens. Un "pseudo repli sur soi" pour mieux "se faire désirer"..... Et qui dit désir dit soumission....

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SOURCE: FRENCH PRESS TV