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Trêve en Syrie : perdants et gagnants

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une place au centre de Damas, quelques jours après la trêve du 19 décembre. (Photo d’archives)

Après la trêve en Syrie, un nouveau palier géopolitique vient d’être franchi dans la région. 10 points pour le comprendre : 

1. La trêve est le fruit d’un accord stratégique entre l’Iran et la Russie d’une part et la Turquie de l’autre, accord qui vise à régir les rapports de force dans une vaste région qui s’étend de l’Asie de l’Ouest au sud de la Caspienne avant d’atteindre la côte méditerranéenne. C’est un accord qui définira la position et l’avenir des États de la région face aux États-Unis et aux puissances occidentales, qui semblent d’ores et déjà engagés dans une nouvelle guerre froide face au camp adverse. 

2. Un quatrième partenaire, et non des moindres, est concerné par cette trêve : la Syrie. C’est à titre de soutien principal de la Syrie que l’Iran, à l’instar de la Russie, participe aux réunions avec la Turquie.

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3. Assad a très rapidement annoncé son feu vert à la trêve et l’a considérée comme un déclic pour lancer le processus politique, la réforme de la Constitution et la formation d’un nouveau gouvernement. Alep libérée, l’État syrien s’est renforcé et s’imposera sans doute lors des prochains pourparlers d’Astana. 

4. Contraint par la force des choses, Erdogan s’est engagé dans un processus qui n’a pas reçu le feu vert des Américains. Il a progressivement changé de position, non pas par sympathie pour Assad et ses alliés, mais par crainte de voir les États-Unis lui planter dans le dos le « couteau kurde » ! Erdogan est sûr que Washington veut faire émerger des ruines de l’Irak et de la Syrie un État kurde indépendant qui inclurait les régions du sud de la Turquie. 

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5. L’Arabie saoudite, la grande perdante, a échoué à renverser Assad et l’État irakien. Elle en veut à mort aux Américains qui « l’ont lâchée pour de bon ». Riyad tente de liguer le golfe Persique et le monde arabe et musulman contre l’Iran et fait feu de tout bois pour séduire Trump et obtenir son soutien dans la bataille insensée qu’il croit devoir mener contre la RII. 

6. Les États-Unis savent et sentent les dangers d’un compromis Iran/Russie/Turquie, non seulement pour leurs intérêts au Moyen-Orient, mais aussi pour les intérêts d’Israël. Que font-ils donc ? Jouer le jeu de la trêve tout en multipliant des actes de félonie contre la Russie. Les Américains disent soutenir la trêve, mais durcissent les sanctions contre la Russie en expulsant ses diplomates, en fermant ses représentations voire en renforçant les mesures économiques anti-russes. Les démocrates accusent la Russie d’ingérence dans la présidentielle américaine. Pourquoi ? Peut-être pour rendre la coopération Trump/Russie plus facile, et ce, sur le dos des alliés de la Russie que sont la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. C’est sans doute leur dernier recours pour briser cette alliance si efficace contre l’hégémonie américaine au Moyen-Orient. 

7. La trêve fait peur à Israël. Comme le reconnaît l’ex-chef du Mossad Amos Yadlin, après le « oui » d’Obama à la résolution anti-israélienne, le président américain, dont le mandat prend bientôt fin, lègue un « héritage problématique » à Trump qui ne rend pas les choses faciles pour Israël, alors que ce dernier a déjà connu de multiples déboires en Syrie. 

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Israël accuse Obama d’avoir laissé un vide au Moyen-Orient qui a été rempli aussitôt par la Russie et l’Iran, vide qui a fâché tous les alliés traditionnels de Washington. La trêve pour Israël revient à voir la montée en puissance militaire de l’Iran en Syrie, plus la présence permanente de la Russie à ses portes. Tout ceci rend Israël plus dépendant des États-Unis et de Trump, tâche que le nouveau président aura du mal à assumer vu la complexité du dossier israélo-palestinien. 

8. La résolution sur la condamnation de la colonisation rend impossible une reprise des pourparlers Israël/Palestiniens. Une ONU qui a voté en faveur des Palestiniens sera désormais une instance par laquelle les Palestiniens pourront passer pour faire valoir leurs droits. C’est une aubaine pour les vrais partisans de la résistance palestinienne, comme la Syrie ou l’Iran, qui pourront conformer désormais leur position anti-israélienne aux résolutions onusiennes et être plus efficaces dans la lutte contre Israël.

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9. En Irak et en Syrie, l’Iran s’est montré un allié fiable qui ne lâche pas ses partenaires et qui va jusqu’au bout de sa logique d’alliance. Contre Daech, le Front al-Nosra et consorts, l’Iran est le pays sur qui on peut compter. C’est un atout qui ouvre à l’Iran, pays profondément hospitalier et ouvert au monde, de nouveaux horizons. L’Irak et la Syrie pourront relier l’Iran à la Méditerranée et aux pays qui l’entourent. C’est au contraire un facteur dissuasif vis-à-vis d’Israël, car dans le cas où les Israéliens chercheraient à attaquer l’Iran, la riposte de ce dernier sera plus cinglante. Les capacités balistiques iraniennes s’étendent désormais de la côte de la Caspienne à la côte méditerranéenne. 

10. La trêve, est-ce la fin du terrorisme ? Bien sûr que non. Leurs cellules continueront à exister ; elles se cacheront dans les villes et villages parmi la population en Irak et en Syrie. Car la lutte antiterroriste n’est pas une décision mais un processus. 

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Cela demande une réelle stratégie aux dimensions militaires, sociales et religieuses... bref, une très vaste entreprise.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV