Un expert iranien s'est exprimé, dans une interview, sur l’adhésion de Riyad au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Hossein Abedini, expert en relations internationales et numéro deux de l’IRINN, a déclaré dans une interview accordée aujourd'hui, vendredi 4 novembre 2016, à l’agence Tasnim au sujet de l’adhésion de l’Arabie saoudite au Conseil des droits de l’homme : « Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies s’est transformé depuis deux semaines en un outil au service des politiques cruelles de l’Occident. »
Abedini a précisé que deux points méritaient d’être examinés : « Premièrement, les Occidentaux ont une approche partiale des droits de l’homme. L’Arabie saoudite est un pays dans lequel ces droits n’ont aucune place. Un régime qui n’est pas issu d’un vote populaire ne connaît ni liberté d’expression, ni multipartisme, ni liberté des minorités et encore moins celle des femmes. »
Cet expert international a rappelé alors la responsabilité de Riyad dans les tueries régionales : « Les Saoudiens soutiennent les groupes terroristes en Syrie et en Irak et s’en servent même à leurs fins. Et pourtant, ce pays est soutenu par l’Occident, alors même que d’autres États qui luttent contre l’hégémonie militaire et la domination capitaliste sont, eux, considérés d’un autre œil par ces mêmes pays occidentaux. Ces derniers se focalisent sur n’importe quel incident, aussi infime soit-il, qui arrive dans ces pays jugés indociles, en lançant une véritable guerre médiatique à leur encontre. »
L’expert Abedini a poursuivi ainsi : « Deuxièmement, le sujet des droits de l’homme n’est pas un sujet indépendant aujourd’hui ! Il concentre en réalité les demandes de la société occidentale. L’Occident se sert du concept pour imposer sa culture au reste du monde. Pour eux, la culture et la pensée d’un milliard et demi de musulmans ne font pas partie des droits de l’homme. »
Quant aux articles et rapports élaborés par l’Occident sur un Iran « violateur » des droits de l’homme, Abedini rappelle qu’il s’agit d’une tentative d'introduire chez nous ce que notre culture ne peut accepter, comme par exemple l’homosexualité. Il ajoute alors : « Ils arguent aussi des droits de l’homme lorsqu’ils prennent la défense d’un espion. Comment est-ce possible que les Occidentaux, et plus particulièrement les Américains, présentent un espion comme un défenseur des droits civiques ? Lorsqu’une personne se bat pour des idées séparatistes, ils le considèrent comme un militant de cette minorité ethnique. Une autre personne qui commet des actes contraires à la pudeur et à la morale devient aussitôt une protectrice des droits des femmes. »
Le numéro deux de l’IRINN a ensuite qualifié les droits de l’homme au XXIe siècle d’outil à la disposition des Américains pour faire avancer leurs ambitions politiques : « L'adhésion d'un pays tel que l’Arabie saoudite au Conseil des droits de l’homme de l’ONU suffit à elle seule pour discréditer ces droits aux yeux du monde entier. Pour dire les choses autrement, s’il n’existait aucune autre raison pour discréditer cette institution, cette adhésion suffirait à elle seule, car l’Arabie ne respecte même pas les principes élémentaires des droits de l’homme. »
En réponse à la question de savoir si l’adhésion de l’Arabie saoudite à ce conseil était liée à ses pétrodollars, Abedini répond : « L’Arabie saoudite est exportatrice de deux produits, le pétrole et le terrorisme. De la même façon qu’elle se sert du terrorisme pour faire avancer ses objectifs, elle utilise également ses pétrodollars pour aller dans le sens de ses autres intérêts. »
Cet ancien directeur d’information de la chaîne al-Alam indique aussi : « Les chasseurs saoudiens ont tué des centaines d’enfants yéménites au cours des deux dernières années. Pourtant, lorsque le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, publie un rapport sur ces tueries d’enfants et les qualifie de crimes de guerre, il est obligé de se rétracter deux jours plus tard, en déclarant cyniquement que si le nom de l’Arabie figurait dans le rapport, une partie du budget de l’ONU serait amputée. »
Enfin, Abedini conclut en ces termes : « Le gouvernement saoudien utilise ses pétrodollars non seulement pour acheter le silence des puissances occidentales sur ses crimes de guerre, mais aussi pour adhérer aux instances internationales en charge des droits de l’homme. »