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Hezbollah, l'après-Badreddin ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le haut commandant du Hezbollah, tué le 12 mai dans la banlieue de Damas. ©Tassnimnews

De nombreuses questions surgissent : s'agit-il d'une bombe, d'un missile sol-sol ou air-sol téléguidé ? La roquette a-t-elle été tirée à partir d'un avion? 

Quelle que soit la réponse, une chose est sûre : quatre hauts commandants du Hezbollah ont déjà été tués en Syrie : Imad Moghniyeh, tué à Kfar Soussa dans l'explosion d'une voiture piégée il y a quelques années ; Samir Kantar, tué dans la banlieue de Damas ; Jihad Moghniyeh, le fils d'Imad, tué dans le Golan ; et enfin Badreddin. 

Tous ces commandants ont été éliminés dans des circonstances similaires : Israël est ainsi le premier suspect vers qui tous les regards se tournent. Il est certain qu'un vaste réseau de renseignement a été nécessaire pour identifier puis localiser ces commandants, qui étaient ultra-protégés par l'appareil du renseignement du Hezbollah. 

Le renseignement de la Résistance n'est pas né de la dernière pluie : c'est tout un appareil qui a induit en erreur à plus d'une reprise le Mossad. Mais en Syrie, où des dizaines de services de renseignement étrangers sont actifs, la donne est trop compliquée pour éviter des fuites. 

Les funérailles de Badreddin à Beyrouth. 

En second lieu, la Russie, dont le contingent s'est retiré il y a quelques semaines de Syrie, y a laissé des batteries de missiles S-400, qui entrent automatiquement en fonction à la moindre intrusion d'avions ou d'appareils ennemis. Comment se fait-il donc que les S-400 soient restés inactifs dans ce cas particulier ? Il se pourrait que le missile qui a tué Badreddin ait été tiré depuis un navire en Méditerranée. Le missile pourrait avoir été téléguidé via des connexions satellitaires. Une chose ne fait pas de doute : s'il y a eu des fuites, il faut prendre des mesures pour que ce genre d'accident tragique ne se reproduise plus à l'avenir. 

Qu'Israël soit le premier à bénéficier de la mort de Badreddin ne fait aucun doute : Israël cherche, en éliminant de grandes figures militaires, à priver le Hezbollah de sa profondeur stratégique en Syrie. Pourtant, Israël ne semble pas en ce moment être capable de mener seul une telle opération. Les centres de commandement conjoint turco-jordaniens, qui réunissent en leur sein les officiers américains, jordaniens, saoudiens, qataris et turcs et qui bénéficient de vastes moyens pour collecter des données militaires et sécuritaires, sont sans doute pour quelque chose dans cet assassinat. Cela ne va pas sans compliquer davantage la donne. Il y a là un impératif qui se fait jour : l'appareil de renseignement du Hezbollah devra se renforcer. 

Mais la mort de Badreddin va-t-elle être vengée? Et si oui, comment ? Les précédentes opérations terroristes d'Israël contre la Résistance ne sont pas restées sans réponse. La riposte a été plutôt chirurgicale, jamais de vaste ampleur. Ces quatre assassinats ont toutefois été commis sur le sol syrien et il appartiendra à Nasrallah, et à Nasrallah seul, de décider des modalités de la réponse. 

On souhaiterait que cette réponse-là ne déclenche pas une extension du conflit qui embrase déjà le Yémen, l'Irak, la Syrie et le Liban ; mais si cela était le cas, on ne s'en étonnerait pas : la guerre en Syrie a permis au Hezbollah de se doter des attributs d'une armée régulière. Ces assassinats ciblés le pousseront peut-être à quitter sa posture d'auto-défense et à penser à frapper au lieu de recevoir des coups. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV