L'establishment républicain est dans tous ses états, après l'émergence, dans les primaires présidentielles états-uniennes d'un personnage haut en couleur, brutal dépourvu de ce «vernis» qui fait les grands leaders politiques: le ci-devant Donald Trump.
Entrepreneur, milliardaire, sans assise politique affirmée, ex-organisateur à ses heures perdues de concours des Miss Univers et Miss America, Donald Trump qui n'avait pas le profil de l'homme politique «B.C.B.G» a bouleversé la donne états-unienne [républicaine en particulier] en se jouant des poids lourds du vieux parti conservateur renvoyant à leurs études sénateurs, gouverneurs et hommes et femmes politiques nettement plus qualifiés et mieux préparés pour la fonction de président des Etats-Unis. Or, cet amateur a quasiment laminé la pléiade de professionnels de la politique états-unienne qui lui étaient opposés.
Les deux derniers à avoir baissé les armes sont le sénateur du Texas, chouchou des conservateurs et porteur de leurs espoirs, Ted Cruz, et le gouverneur de l'Ohio John Kasich qui ont fini par jeter l'éponge, laissant seul celui qui a plongé dans l'émoi l'Amérique puritaine. Direct, brutal, disent d'aucuns, grossier dénoncent les autres, Donald Trump écrase tout sur son passage gagnant, envers et contre tous, l'investiture du parti de l'icône américaine Abraham Lincoln.
Le phénomène Donald Trump déconcerte les analystes politiques qui ne comprennent pas l'ascension d'un homme qui s'est surtout distingué par son inconstance et des convictions politiques marquées par l'indécision. Lors des deux dernières décennies, Trump a été successivement démocrate, puis républicain, pour redevenir démocrate, enfin réformateur avant de revenir dans le giron des républicains. Un va-et-vient politique qui ne plaide guère en faveur d'un homme qui ambitionne de diriger la première puissance mondiale. D'autant plus que lors de la campagne des primaires, le candidat républicain a fait étalage d'une ignorance crasse en matière de principes et de politique internationaux.
Notez, sur ce plan, cela n'a pas grande importance car si, par extraordinaire et contre toute attente, il bat la candidate démocrate, Hillary Clinton [le 6 novembre prochain] le « président » Trump sera vite pris en charge par une pléiade de professionnels qui lui imposeront le carcan du «politiquement correct» qu'un président étasunien, doit observer. De fait, ce n'est pas tant la piètre qualité politique de Trump qui est ainsi mise en exergue, mais la régression constante de la classe politique étasunienne qui, d'année en année, ne trouve plus d'hommes politiques de la stature des géants qui ont construit les Etats-Unis et donné à la politique ses lettres de noblesse. De Reagan à Obama en passant par Bill Clinton et les deux Bush (père et fils) les derniers présidents étasuniens ont été recrutés parmi les seconds couteaux.
Ce qui fait la différence entre Donald Trump, et d'autres leaders politiques, sans talents notables, est que le milliardaire assume, sinon ses idées - que ses adversaires lui dénient d'en avoir - du moins ses véritables élans (de coeur) qui le portent vers la xénophobie et le refus des autres [les émigrés, il veut les expulser tous, les musulmans, il veut leur interdire l'entrée des Etats-Unis, et est adversaire de tout ce qui n'entre pas en phase avec les valeurs de la suprématie blanche] jusqu'à récuser - après de longues hésitations - du bout des lèvres l'encombrant soutien du responsable du Ku Klux Klan (mouvement ségrégationniste états-unien).
Le miracle (est-ce vrai?) est que cet expert du langage graveleux [appréciez: « Daesh? on ne va pas lui faire la guerre, mais lui «botter le cul»» la remarque de son rival Marco Rubio sur ses «petites mains» ? « Le reste, rassurez-vous, n'est pas « si petit » que vous croyez...» et nous vous épargnons le meilleur], est porté aux nues par ses adulateurs ! Franchement ! Si c'est ce genre de mecs, que produit le «rêve américain», les Etats-Unis deviendront, à terme, dangereux pour le reste du monde.
En effet, si jamais Trump arrive à remporter la victoire, c'est d'abord dû à un électorat, qui semble avoir viré sa cuti, qu'il la devra. Ce sont les électeurs républicains qui ont formaté Donald Trump, ce sont eux qui l'ont encouragé dans cette descente aberrante dans le trivial que le candidat républicain ne s'est pas fait faute d'accentuer, affirmant: «C'est ce que veut le peuple.» Mais à quel prix? L'étape vers la Maison-Blanche est encore longue, il n'en reste pas moins que le top est bel et bien donné d'une descente de l'Amérique aux enfers.
Source: l'expressiondz