La campagne médiatique occidentale contre l'armée syrienne et ses alliés à Alep reflète une chose: l'extrême préoccupation des régimes qui soutiennent les terroristes.
Selon Ghaleb Kandil, le directeur du centre d'études et des médias au Moyen Orient, le "discours trop anti-Daech" adopté par les dirigeants de Washington ne devrait tromper personne. C'est Washington lui-même qui a fait naître Daech d'Al-Qaïda d'Irak. Les principaux dirigeants de cette milice ont été longtemps prisonniers des Américains avant d'être livrés aux renseignements saoudien et turc. Le tout confirme qu'Ankara et Riyad ont soutenu Daech.
En ce sens, les propos anti-terroristes de Kerry et d'autres officiels américains ne devraient guère faire penser à autre chose qu'une simple manœuvre politicienne. L'objectif des Etats Unis d'avoir engagé les pourparlers de paix, d'avoir décidé d'une trêve, n'a jamais été pacifique. Les Etats-Unis cherchaient tout simplement à donner un répit aux terroristes. A chaque fois que l'Empire américain donne son feu vert à un processus politique, c'est qu'il joue sur le facteur de temps.
Peut-on croire que Riyad, Ankara et Amman auraient à eux seuls décidé de mettre un terme à une trêve décidée par Russes et Américains? Personne ne croirait à une résurgence des groupes terroristes à Alep sans le feu vert préalable de Washington.
Il est curieux d'ailleurs de voir le secrétaire d'Etat verser des larmes pour des bébés massacrés dans la maternité d'Alep, lui qui assiste depuis des années à la tuerie des civils en Syrie sans sourciller.
Kandil revient ensuite sur le jeu double des Etats-Unis : " C'est un jeu qui se répète à l'infini et son objectif en Syrie est bien clair : les Etats-Unis s'efforcent de mettre à l'épreuve les rapports de force et de les équilibrer de façon à ce que l'armée syrienne ne puissent pas l'emporter. Il s'agit d'éviter la bataille finale qui devrait viser la libération d'Alep, laquelle devrait balayer d'un revers de main Al-Nosra et Daech. C'est un effort pour garder en l'état, la ligne contact entre l'armée syrienne et ses alliés russes et hezbollahi d'une part et les groupes terroristes de l'autre.
Le principal objectif des Etats-Unis consiste à bloquer toute offensive visant à libérer Alep car la libération de cette ville signifierait un bouleversement de la donne en faveur de Damas. Car Alep, le cœur économique de la Syrie, libérée, c'en serait fini du plan du démembrement de la Syrie et des visées expansionnistes des voisins de la Syrie dont la Turquie.
Les Etats-Unis sont déterminés à soutenir des gangs terroristes comme Ahrar al Chaam, Jaysh al Islam ou encore des miliciens turkmènes. Non pas pour plaire à Ankara ou à Riyad mais surtout pour éviter la victoire de l'armée syrienne à Alep qui relève d'un véritable séisme militaire aux dimensions politiques.