Le discours du ministre israélien de la guerre, à la tribune de la Conférence de Munich sur la sécurité, a donné lieu à un bras de fer entre ce responsable israélien et le chef du renseignement saoudien qui a répondu : « Se serrer la main avec les Israéliens ? Cela n’aidera jamais les Palestiniens ».
Le discours du ministre israélien de la guerre, Moshe Yaalon, à la tribune de la Conférence de Munich sur la sécurité, en Allemagne, a donné naissance à un bras de fer entre le ministre israélien et l’ancien chef du renseignement saoudien, le prince Turki Al-Fayçal. Après que Yaalon ait affirmé qu'Israël était secrètement en contact avec les pays arabes du golfe Persique, le prince saoudien lui a rétorqué que des poignées de main avec les Israéliens n’avaient jamais aidé les Palestiniens. Au cours de son discours, Yaalon a évoqué les canaux de communication qui existent entre Israël et les Emirats arabes unies.
" Non seulement la Jordanie et l'Egypte, a-t-il noté, je veux parler des pays arabes du golfe Persique et de ceux d'Afrique du Nord aussi, ne sont pas ici malheureusement pour m’écouter. Pour eux, l'Iran et les Frères musulmans sont des ennemis. (…) L'Iran est le méchant pour nous et pour les régimes sunnites aussi. Ils ne se serrent pas la main [avec les Israéliens] en public, mais nous, on se voit à huis clos."
Une fois l'intervention du ministre israélien de la guerre terminée, le prince saoudien Fayçal a levé la main et demandé la permission de parler : « Les poignées de main avec les Israéliens n’ont jamais beaucoup aidé les Palestiniens », a-t-il dit. « Yaalon a eu raison en faisant allusion à l'animosité entre les pays sunnites, d'une part et l'Iran et les Frères musulmans de l'autre », a-t-il reconnu. Et d’ajouter : « Mais l'Arabie a souligné, par la même mesure, que les pays arabes sunnites étaient furieux à l’encontre d’Israël en raison de l'occupation et des sévices dont les Palestiniens font l'objet.»
« Pourquoi les Arabes doivent éprouver de l'amitié envers vous quand vous traitez [les Palestiniens] comme ça ? », a-t-il demandé.
Yaalon a rejeté les propos du prince saoudien, disant qu'il n'y avait pas de lien entre le conflit israélo-palestinien et les actuels problèmes du Moyen-Orient. « Il y a un conflit entre Palestiniens et Israéliens mais quel est le rapport avec la révolution iranienne ? Daech a un lien avec ce conflit ? La guerre civile en Syrie ou le soulèvement en Tunisie,la situation au Yémen ou en Irak? Il n'y a pas de connexion ».
Le ministre israélien de la Guerre a déclaré qu'Israël ne négligeait pas le conflit avec les Palestiniens, mais qu’il accusait le président palestinien, Mahmoud Abbas, d’être à l’origine de l'absence de tout progrès sur le plan diplomatique.
« Qui a fermé la porte au président Obama l'année dernière? Les Palestiniens ont dit « non » à la proposition de Kerry », a dit Yaalon en faisant allusion à une proposition diplomatique faite par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry.
Il a expliqué que les Palestiniens refusaient de reconnaître Israël comme un Etat juif et préféraient parler de territoire depuis que cela s’est transformé en une question sur laquelle ils n'étaient pas obligés de faire des concessions. Malgré le désaccord entre le prince saoudien et Yaalon, les deux hommes se sont serrés la main devant les caméras.
Dans ce droit fil, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’est également penché sur les relations d'Israël avec les Etats arabes sunnites, devant les membres de la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines, actuellement en visite à Qods. « La plupart des Etats arabes sunnites considèrent Israël comme un allié, pas comme un ennemi », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a ajouté que ce phénomène poussait Israël à créer de nouveaux liens, tantôt explicites mais souvent occultes, avant d’émettre l'espoir d'un changement à ce propos.