La dépendance des États-Unis et de nombreux pays du monde aux matières premières pharmaceutiques produites en Chine se transforme en une vulnérabilité majeure dans la chaîne d’approvisionnement en médicaments et pourrait entraîner des risques en temps de crise, selon un article de l’agence de presse américaine Bloomberg, en date du 25 novembre.
La Chine joue actuellement un rôle prépondérant dans des segments stratégiques de l’industrie pharmaceutique mondiale, y compris les matières premières essentielles (KSM) qui constituent les piliers essentiels de la production des ingrédients pharmaceutiques actifs (API). Ce progrès au sein du secteur pharmaceutique chinois a débuté depuis les années 1950, grâce à son industrie énorme et standardisée.
Malgré l’absence de données publiques transparentes, les évaluations les plus fiables suggèrent qu’environ la moitié des médicaments utilisés aux États-Unis ne proviennent que d’une seule source, et que la Chine fournit au moins un composé chimique indispensable à plus de 700 médicaments stratégiques. L’amoxicilline est citée comme un exemple emblématique ; bien qu’importée apparemment depuis plusieurs pays, ses quatre composants chimiques vitaux sont intégralement produits dans le territoire chinois.
Toujours selon l’article de Bloomberg, l’Inde, premier producteur mondial de médicaments génériques, demeure elle aussi étroitement adossée à la Chine pour l’approvisionnement en composé KSM, une indépendance quasi occultée dans les reports officiels américains.
D’après le rapport annuel de la Commission d’examen économique et de sécurité États-Unis–Chine, Washington estime que cette dépendance « doit être traitée immédiatement » et réclame une révision de la loi de 2020 afin de renforcer les pouvoirs de l’Agence américaine de produits alimentaires et médicamenteux (FDA) pour obliger les entreprises pharmaceutiques à déclarer avec précision l’origine de leurs matières premières.
Des responsables américains alertent en outre que toute escalade des tensions entre Washington et Pékin, ou la survenue d’une nouvelle crise sanitaire comparable à la pandémie de COVID-19, seraient susceptibles de perturber la production et l’exportation des produits pharmaceutiques à l’échelle internationale.
Leland Miller, membre de la même commission, a déclaré que Pékin contrôle aujourd’hui une grande portion de la production des ingrédients pharmaceutiques actifs. Selon ses termes, l’objectif final de Washington serait d’établir une chaîne d’approvisionnement alternative impliquant l’Inde et d’autres partenaires stratégiques.
Toutefois, Bloomberg a annoncé que la production des KSM demeure extrêmement peu rentable, avec des marges infimes, avant d’affirmer qu’un désengagement complet de cette chaîne chinoise aurait un coût colossal pour les fabricants pharmaceutiques américains.
En conséquence, l’un des modèles avancés par l’article de Bloomberg serait d’appliquer au secteur pharmaceutique le cadre contractuel précédemment adopté par le Département de la Guerre avec la société MP Materials, incluant une garantie de prix plancher pour soutenir les producteurs américains dans le secteur des terres rares.
Bloomberg conclut qu’en dépit des efforts déployés par les États-Unis pour enrayer cette dépendance, la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement mondiale alternative sera un processus coûteux, long et extrêmement complexe.
Il est également affirmé que la domination structurelle de la Chine sur les matériaux de base pharmaceutiques constitue désormais pour les États-Unis l’un des enjeux les plus cruciaux touchant à la sécurité sanitaire et nationale du pays.
